jeudi 19 décembre 2013

Ça vous emballe ?

Pour les associations, Noël s'associe avec emballage cadeau à la sortie des magasins.

Ici, on a décidé de faire ça toute l'année. On pourrait toutefois considérer un paiement annuel de nos factures auprès de nos vétérinaires à cette période de l'année, mais cette idée risque de rencontrer un succès (très) mitigé.
Depuis quelques années, nous nous sommes armées (même si mon père et mon ami ont été trainés quelquefois de force, le féminin l'emporte par la témérité de nos bénévoles) de notre scotch ruban adhésif et de nos ciseaux, prêtes à affronter n'importe quel cadeau (mais surtout ceux de forme rectangulaire et de taille moyenne). L'expérience aidant, on a maintenant le droit a des commentaires comme "on dirait que vous avez fait ça toute votre vie !", mais aussi à des regards dédaigneux et méprisant. Soit.


 Emballer les cadeaux, c'est beaucoup d'énervement. Entre les gens pressés dans la file (mais on ne va rien dire aux caissiers et aux vendeurs, car, eux, ils travaillent, pas ces bénévoles qui ne veulent que mon argent), les gens qui essaient de prendre le papier sur les rouleaux discrètement (c'est loupé, vous venez de l'occuper pendant 5 minutes, j'ai une personne presque aussi pressée que vous qui attend que je finisse son emballage, et puis vous venez de couper le papier comme un cochon, vous avez pris beaucoup trop de papiers et vous ne savez pas le rouler. Mais ce n'est pas grave, je vous souris et je ne dis rien. Bonne journée !), les gens qui décident que notre table et notre matériel appartient au bien commun et décide de déplacer avec précaution pousser notre travail en cours pour emballer le leur (en mettant bien sûr une dizaine de minutes pour le faire, mais c'est quand même plus rapide que si nous l'avions fait pour eux), et autres cas en tout genre qui demandent ÉNORMÉMENT de self-control.

Emballer les cadeaux, c'est échanger, exprimer ce pour quoi nous nous battons. C'est parfois affronter le mépris, mais aussi rencontrer des amoureux des félins (et des bêtes de tous poils), évoquer nos anecdotes, partager les sauvetages que l'on a fait, échanger des conseils (et éviter des grosses bêtises !)...

Emballer les cadeaux, c'est se blinder de préjugés : "lui il ne donnera pas". On est parfois surprises. En bien, ou en mal. Enfin, dans tous les cas, on emballe. Mais évitez en prime le regard dédaigneux !

Emballer les cadeaux, ça permet de se retrouver entre bénévoles, quand il n'y a pas grand monde, on partage un moment. On prend le temps de se connaître un peu plus, de lier des amitiés, de créer un peu plus d'accroches dans notre (grand) groupe. Les nouvelles se partagent, aussi bien à propos des chats que des à côtés. On parle bien souvent de notre vie, de "l'à côté" de notre engagement dans la protection animale.

Emballer les cadeaux, c'est avoir l'impression de devoir faire exactement ce que la personne veut alors qu'elle ne nous dit rien. On peut passer du choix cornélien "ensemble ou séparément les emballages ?" à la grande question "il vous faut quelle longueur de papier ?" (car oui, généralement, les cadeaux ne sont pas présents). Les personnes sont parfois réticentes à nous donner le nombre et la taille, on fait au mieux. Et parfois, des situations assez cocasses :
- Quelle taille le cadeau ?
- Pas très grand mais pas très petit.
- ... Je choisis donc une taille plutôt moyenne
- Mais en fait, il y a deux cadeaux.

Emballer les cadeaux, en dehors des "clients" anxiogènes et des cadeaux qui n'ont jamais été pensés pour être emballé, ça détend, et c'est plutôt reposant. Au final, on y va plutôt avec le sourire, on revient parfois fatiguée, jamais vraiment en colère, juste des anecdotes, des plaintes sur la société actuelle, mais on finit par y retourner.

... Et puis, c'est pour la bonne cause ?